L’histoire du monde est une histoire de transmission et d’évolution. Toutes proportions gardées, c’est aussi l’histoire du SIMACS. Les organisations membres se transmettent d’une année sur l’autre la Présidence et les missions du Bureau du Syndicat, avec des périodes de recouvrement sur les fonctions principales pour permettre la continuité des actions.
Malgré tout, l’imprévu peut à tout moment se manifester et venir mettre les capacités d’adaptation à l’épreuve. Ainsi, le 13 mars Dominique Vercoustre, qui avait pris la Présidence en début d’année s’est trouvé dans l’obligation de cesser ses activités pour raisons de santé. Tous les membres du Bureau et du Conseil d’Administration lui ont exprimé leur soutien, et sont heureux que depuis Dominique ait pu mieux prendre soin de sa santé.
En conséquence de la démission de Dominique – qui n’a pu être remplacé par l’organisation qu’il représentait (le SynPAAC) – ayant été nommée vice-présente du Syndicat quelques semaines auparavant, j’ai dû précipitamment en reprendre la Présidence dans un contexte particulier (nous venions d’apprendre que France Compétences ne renouvelait pas l’agrément du SIMACS en tant que certificateur du titre RNCP Coach professionnel).
Comme c’est aussi l’histoire du monde d’être confronté à des situations imprévues, inédites, complexes, difficiles… et de devoir organiser sa résilience en permanence pour les traverser, le SIMACS doit de la même manière (encore une fois, toutes proportions gardées) mobiliser sa capacité de résilience et retravailler un certain nombre sujets structurants afin de pouvoir continuer à aller de l’avant au service de l’ensemble des métiers de l’accompagnement qu’il représente.
Nous ne pourrons y parvenir que sur la base de l’engagement de chacune et chacun, et je remercie toutes les personnes qui s’impliquent et soutiennent les actions du SIMACS, au Bureau, au Conseil d’Administration, dans les Commissions et les Groupes de travail, et dans les instances de gouvernance des organisations membres. Toutes ces personnes sont bénévoles, engagées au service de l’ensemble des professionnels de l’accompagnement que le SIMACS représente. Leurs contributions sont précieuses et doivent être reconnues.
Tout engagement repose sur des convictions. Celles qui m’engagent personnellement dans la défense du professionnalisme et de la déontologie des métiers de coach et de superviseurs professionnels se fondent sur un certain nombre de constats :
- Ces métiers sont très exigeants : ils requièrent non seulement des compétences spécifiques et la capacité de s’investir au service de des clients dans une posture éminemment singulière, mais aussi une démarche continue de travail sur soi (il est impossible pour un professionnel du coaching et de la supervision d’accompagner ses clients sans s’engager dans un travail personnel continu sur ses projections, ses croyances, ses résonnances, ses besoins de réassurance, ses angles morts…). En aucun cas, ces métiers ne peuvent donc s’improviser. Au contraire, ils exigent un travail permanent d’ajustement du geste professionnel – via la supervision et la formation continue.
- Pour les personnes et les équipes accompagnées, une séance de coaching ou de supervision est un « espace-temps » unique, un moment devenu essentiel dans un monde où le temps subjectif s’accélère sans cesse. Le « temps humain » ne correspond pas à celui du flux permanent d’informations, de sollicitations, d’injonctions… qui nous assaille. Il est par essence discontinu. C’est dans les interstices de cette discontinuité que les séances de coaching et de supervision permettent d’ouvrir un temps de prise de recul, de changement d’angle, de réalignement, de discernement, d’élaboration, d’expérimentation, de choix…
- Aujourd’hui, alors que métiers sont en fort développement pour répondre aux besoins croissants qui s’expriment dans le contexte d’incertitude et d’anxiété que nous connaissons (les facteurs en sont multiples : économiques, environnementaux, géo-politiques…), l’enjeu de la reconnaissance de ces métiers devient crucial. Or, nous sommes encore loin d’être parvenus à faire reconnaitre les qualités professionnelles qu’ils requièrent, leur éthique et leur impact, tant sur le plan individuel, que social et sociétal.
- Œuvrer pour améliorer la reconnaissance du professionnalisme et de la déontologie des coachs et des superviseurs professionnels sera aussi pour leurs clients (dirigeants, entrepreneurs, DRH, managers,…) la possibilité de relever leur niveau d’exigence quant au choix des professionnels qui les accompagneront.
Une citation de Viktor Frankl (les personnes qui me connaissent savent que l’ensemble de ses travaux me tiennent à cœur) est souvent reprise par les professionnels de l’accompagnement anglo-saxons : « Entre le stimulus et la réponse, il y a un espace. Dans cet espace, réside notre pouvoir de choisir notre réponse ». Or l’espace de libre-arbitre qu’il évoquait ainsi est justement celui que le coaching et la supervision permettent d’investir.
Sylvie Plouchard
Présidente du SIMACS 2023